À Versailles, des chiens contre la solitude des aînés
Des « agents canins » épaulent employés et bénévoles du service qualité de vie de la mairie de Versailles.
Madame B vit seule. Sourde, aveugle, et d’un âge vénérable, elle ne quitte plus son appartement du quartier Notre-Dame à Versailles. Magalie Piccini, agent du service qualité de vie de la mairie, s’impatiente devant son domicile. La sonnette ne marche pas bien, les coups sur la porte et les appels de la voix restent sans réponse. «Elle est peut-être à l’hôpital, les membres de la famille n’ont pas toujours la délicatesse de nous prévenir dans ces cas-là. »
Magalie, comme tous les lundis, est accompagnée par un agent pas tout à fait comme les autres. : Il pèse 4 kg et mesure une vingtaine de centimètres. C’est un chien, plus exactement un adorable petit Jack Russel de 7 ans. Son nom, Willy. Sa fonction, « agent canin de convivialité ».
Enfin, madame . ouvre la porte en grommelant. Magalie embrasse la vieille dame avec tendresse puis pénètre dans l’appartement en désordre. Willy suit sa maîtresse sans broncher. Madame B a des problèmes avec son appareil auditif aujourd’hui. « J’entends pas ! », ne cesse-t-elle de répéter, à chaque fois que la jeune femme tente de nouer le dialogue.
L’appareil siffle sans discontinuer. « Vous m’excuserez mais j’entends rien », dit-elle les larmes aux yeux. Il est temps que Willy intervienne. La communication est compliquée. Magalie est bientôt tenue pour responsable du dysfonctionnement de l’appareil.
Le chien est placé sur les genoux de la dame. En une fraction de seconde, son visage s’illumine de toute sa beauté. Le contraste est saisissant. Les plaintes continues cèdent la place aux caresses et aux baisers sur le petit museau frais. « Je vais te donner un p’tit gâteau. » Willy approuve sans moufeter.
« Un projet thérapeutique »
Voilà maintenant un an que Magalie Piccini, 36 ans, visite les personnes âgées isolées avec ses deux Jack Russels : Willy, en service ce jour-là, et Bambou actuellement « en vacances ». Ancienne auxiliaire vétérinaire, elle a travaillé ensuite dans une équipe de soins palliatifs. Mais ce n’est pas tout ! La jeune femme à la longue chevelure noire et aux yeux verts pétillants, a aussi tenu une boutique de toilettage pour chiens.
Son métier d’agent de convivialité fait appel à toutes ses compétences. « Une véritable aubaine », explique Magalie de sa voix rieuse et musicale qui a présenté son projet il y a déjà deux ans au service de la qualité de vie de la mairie. Sa responsable, Nadine Enc et le maire de l’époque, Etienne Pinte, ont tout de suite soutenu l’initiative qui a depuis été reconduite.
Pour Magalie, l’animal fait partie intégrante d’un véritable « projet thérapeutique ». Le chien permet « un contact charnel » que les personnes isolées ne connaissent plus. Celles-ci nourrissent l’animal, lui donnent à boire. Des gestes que les aînés ne font jamais. Magalie, de son côté, apporte du réconfort, s’occupe du courrier, et sert d’intermédiaire entre le monde médical, la famille et les personnes âgées en situation de grande solitude. Un rôle de lien social qu’elle revendique.
Madame B demande : « Vous pouvez appeler mon fils ? » Magalie s’exécute. Il doit passer cette semaine. Magalie prend ses affaires et son chien, deux visites l’attendent encore à l’autre bout de la ville. « Vous partez déjà !? Je vais être dans l’obscurité, toute seule, même pas la télé » se lamente-elle les larmes aux yeux. Du haut de sa fenêtre, madame B s’est penchée pour un dernier au revoir. Sa voix résonne une dernière fois dans la cour pavée de l’immeuble aux murs vétustes. « Merci ! » Elle semble apaisée.
C’est une belle histoire, bien écrite en plus!
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