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Les blogs BD, entre laboratoire et mise à nu

Par Laurent Firdion | 15/05/2009 | 3 432 visites |  Imprimer  |  Envoyer à un ami  |  

De nombreux auteurs de bandes dessinées, surtout féminins, ont choisi le blog comme moyen d’expression. Entre défouloir et autodérision. Et ça marche !

Laboratoire à idées

« Une fenêtre sur mon monde », voilà ce que représente le blog pour Samuel Rimbault, touche-à-tout de 22 ans. Le jeune homme en troisième année d’architecture fourmille d’idées. Il les présente sur son site Dailypost sous forme d’illustrations, de dessins animés mais aussi de poèmes ou de nouvelles. « J’aime partir de rien, franchir toutes les étapes et arriver à quelque chose d’abouti. » Pour lui, le dessin a la vertu d’être compréhensible par tous. Il ne raconte pas sa vie – qu’il juge « pas assez intéressante » – mais partage jeux de mots et comique de situation. Son rêve : faire des story-board pour le cinéma. En attendant, il se produit sur le grand écran du Web.

« Le blog, c’est se foutre à poil. » Ainsi parle Cécily, créatrice et auteur du blog Une jeune fille bien. La jeune femme, c’est Lovely Goretta, empêtrée dans ses déboires amoureux, ses soirées arrosées ponctuées de refrains connus. Cécily s’inspire de sa vie pour remplir les bulles, caractéristique des blogs BD qui font la part belle à l’autobiographie.

Un journal intime où le dessin exprime parfois ce que les mots peinent à faire. De l’autodérision, du narcissisme pour exprimer ses coups de cafard. Elle a d’ailleurs inventé un autre personnage, le « Baron Samedi », squelette au chapeau haut de forme et costume trois pièces inspiré de la culture vaudou, qui tourne Cécily en ridicule.

Le blog est un défouloir pour ses auteurs. C’est parfois à double tranchant : « On attire la sympathie comme l’antipathie, confie Cécily. Avec Internet, le contact est direct entre les auteurs et les lecteurs qui n’hésitent pas à critiquer. » Comme son héroïne, elle refuse le cliché de la fille gentille.

« Malheureusement beaucoup de BD sont celles de fifilles, super consuméristes, obnubilées par leur look, c’est insupportable. Ça contribue à agrandir le fossé entre hommes et femmes. »

Grâce au bouche-à-oreille et aux liens entre blogueurs, Cécily a attiré un lectorat important. Une heureuse surprise pour celle qui a plaqué une carrière de scénographe pour se lancer dans la BD.

La qualité de son travail a convaincu une maison d’édition. Son troisième album, Sans les mecs, est sorti en début d’année chez Vent des savanes. Le célibat a du bon.

Le « gros bordel personnel » de Mélaka


Mélanie Karali, alias Mélaka, est tombée dans la marmite de la BD dès le plus jeune âge : ses parents sont tous les deux auteurs. La jeune femme de 31 ans a publié sa première BD, Montpéril, en 1996.

Le blog, Mélakarnets, est venu plus tard. « J’ai commencé le blog il y a cinq ans, parce qu’ayant découvert ceux de Laurel et Cha, j’ai été séduite par le principe », raconte-t-elle.

Mélaka y narre avec humour sa vie de mère, jonglant entre sa fille Maya, ses trois chats et son travail. Internet offre un espace de liberté, un brouillon grandeur nature où elle peut tester d’autres styles de dessin.

« Le blog, en tant qu’endroit de détente, sert à sortir du carcan du métier, où on n’a pas forcément la liberté de dessiner ce dont on a vraiment envie », explique la jeune femme aux longs cheveux noirs tressés.

Si elle ne voit pas la fin de la BD traditionnelle, elle estime qu’Internet constitue une formidable évolution pour les auteurs.

« Les blogs sont des oeuvres à part entière. Les éditeurs puisent dans ce vivier, ils auraient tort de s’en priver ! » Mélaka n’est pas près d’arrêter d’alimenter son site, qu’elle surnomme son « gros bordel personnel ».

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