Accueil » Culture

La littérature jeunesse vire au fantastique

Par Caroline Lumet | 19/04/2009 | 95 689 visites |  Imprimer  |  Envoyer à un ami  |  

Les auteurs et les éditeurs jeunesse s’engouffrent dans la brèche ouverte par Harry Potter et mettent en valeur un genre négligé par la littérature pour adulte.

Quelques titres phares de la littérature fantastique jeunesse (DR/Le Presse-papier).

La génération Harry Potter est en manque ! N’en déplaise aux érudits qui dédaignent le fantastique pour cause d’infantilisme, les premiers lecteurs de l’École des sorciers ont aujourd’hui la vingtaine bien entamée et sont affamés ! Pour cause : le genre n’inspire pas beaucoup les auteurs pour adultes.

Les romans cousins du genre abondent pourtant : science fiction, thriller, épouvante, et anticipation… Mais le fantastique ? Parcourir la liste de A à Z prend moins de temps que d’énumérer la trilogie du seigneur des anneaux ! Depuis Tolkien, le glossaire ne s’est que peu étoffé. Une fois lu Brussolo et ses disciples, le lecteur se trouve fort dépourvu.

Qu’à cela ne tienne ! Les rayons enfants sont riches en romans prêt à enflammer l’imagination des vieux Peter Pan. Il y a ceux à la renommé déjà bien établie. A la croisée des mondes, et Eragon, dont l’ultime tome vient de paraître, notamment. Pourquoi se donner la peine de les lire puisqu’ils sortent au ciné ? Pour toutes les informations en plus… Et le ton moins acidulé que la version originale. Car les réalisateurs ont épargné bien des déboires à Lyra et Eragon. La jeune fille et son « daemon » ainsi que le dragonnier et sa monture livrent sur le papier des combats plus intenses… Quant au dénouement de chacune des histoires… La « happy end » préférée par les studios américains est loin du dénouement prévu par Philip Pullman et Christopher Paolini.

Deux autres auteurs réussissent le périlleux exercice du fantastique pour petits et grands : Joseph Delaney avec L’Épouvanteur et Garth Nix avec Sabriël. Le premier en est à son cinquième tome chez Bayard Jeunesse ! Quant au second, Hachette jeunesse l’importe tout juste des États-Unis mais déjà Sabriël séduit. Les deux romanciers jouent la carte du combat du bien et du mal… Mais en s’amusant à créer la confusion. Si dans les traditionnels contes de fées tout se joue en noir et blanc, les auteurs contemporains jouent habilement la carte du gris. Même les héros ne sont pas à l’abri de retourner leur veste ! C’est dire…

Seul bémol à chiper les bouquins dans les cours de récré : le système des chroniques ! Éditeurs et écrivains ont flairé l’addiction. Chacun envisage donc les romans sous forme de saga. Trouver un livre qui ne soit pas en plusieurs tomes relève de la quête du Graal ! Le lecteur se jette sur Le Cabinet des merveilles pour se rendre compte qu’il ne s’agit que du premier tome des chroniques de Kronos. Le second étant annoncé pour 2010. Les impatients n’auront qu’à adopter l’attitude du lapin blanc d’Alice. Être en retard sur les nouveautés leur permettra d’enchainer plusieurs numéros ! La Trilogie de Bartiméus, par exemple, est intégralement disponible aux éditions Albin Michel…

Profitez du tsunami fantastique qui déferle dans les bibliothèques des plus jeune !

À lire aussi

Tags

2 commentaires »

  • Meor dit :

    Je ne vois pas en quoi la littérature *hors jeunesse* délaisse ce thème. Au contraire la fantasy, l’héroic fantasy et parfois le fantastique et la SF profitent eux aussi de l’effet potter/seigneur des anneaux (le film). Des maisons d’édition comme L’Atalante, Denoël, Mnémos ou Bragelonne pour ne citer qu’eux le montrent bien par leur production qui se diversifie et s’amplifie. Il suffit d’aller demander aux libraires quel est le développement de ce rayon (ou de cette spécialité) et vous serez surpris!

    Qui plus est le fantastique, la fantasy et la SF se démocratisent, font l’objet de colloques universitaires, de publications, d’enquêtes et de petites maisons d’édition se créent…

    Les adultes aussi écrivent et lisent tous types de littérature, ne nous leurrons pas !

    Ho dernière chose, ne pas confondre fantastique, fantasy, sf et cie… chacun a ses codes!

    Bonne journée!

  • Caroline Lumet (author) dit :

    Evidemment l’article ne mentionne pas un trou noir total dans les catégories adultes ! Il n’y a jamais d’absolu en matière de littérature. Certes quand on cherche bien on fini par tomber sur un bon roman fantastique pour adultes, en cherchant bien… Alors que les éditeurs jeunesses ont flairé la tendance plus tôt et mettent en tête de gondoles leurs romans du genre.

    Les éditeurs adultes s’y mettent petit à petit bien que certaines nuances mériteraient d’être apportées… Notamment qu’il s’agit d’éditeurs plutôt spécialistes dans ce genre, contrairement aux Albin Michel, Hachette, etc. qui sont encore à la traîne.

    L’Atalante met dans sa même collection fantastique, fantasy et science-fiction et il faudrait leur demander une petite statistique de la part de chacun des genres dans La Dentelle du cygne. Pour Bragelonne l’orientation dernièrement observée est qu’il prenne un virage résolument bitlick…

Ajoutez votre commentaire !

Rédigez votre message ci-dessous ou créez un rétrolien depuis votre propre site web. Vous pouvez aussi suivre les réponses via le flux RSS.