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Dennis Cooper, écrivain subversif

Par Anne-Fleur Delaistre | 28/01/2009 | 1 073 visites |  Imprimer  |  Envoyer à un ami  |  

L’écrivain américain a des allures de doux rêveur. Ses écrits sont des plus sombres.

« Le manque de recul et la naïveté des américains. Il est né de là, Bush. » Verre de vin rouge à la main, cigarette dans l’autre, Dennis Cooper se lance dans une diatribe sur son pays natal. Pourtant, l’écrivain américain n’a rien d’un analyste politique.

Dennis Cooper était venu assister à la représentation de Dedans Dehors, qu’a mis en scène David Bobee à partir de son livre Closer, au théâtre de la cité universitaire à Paris.

Dennis Cooper a la voix posée et sûre quand il raconte, avec son accent californien, son parcours d’écrivain subversif. Malgré le jean déchiré et délavé, il y a une certaine classe chez cet homme tumultueux.

Né le 10 janvier 1953, dans un milieu social aisé, de Californie du Sud, Dennis Cooper a commencé très tôt à écrire. Il s’inspire à ses débuts de Verlaine, Rimbaud, Sade. Ses textes d’adolescent sont rapidement empreints de scandale. Il suit des études de littérature classique, qu’il arrête vite à la faveur d’une rencontre avec son professeur de poésie, qui le pousse à continuer dans son style choquant.

A 18 ans, il part vivre en Angleterre, au moment où naît le mouvement punk. Il s’en distancie en devenant un écrivain rattaché au mouvement culturel Queercore : un courant alternatif qui s’écarte de toutes les normes sociales et questionne l’identité sexuelle.

En 1979, il achève son recueil de poésie Idols et devient directeur de la programmation d’un espace culturel poétique alternatif en Californie. Dès ses premiers écrits, la schizophrénie adolescente et les excès en tout genre sont ses thèmes de prédilection.

En 1984, il déménage à New York et publie son premier roman Safe. Il commence alors un cycle de cinq romans interconnectés, qu’il avait en tête depuis ses 15 ans.

« Que Dieu l’aide. Il est né écrivain. »

Dans le premier d’entre eux, Closer, dont est extrait la pièce de David Bobee, il conjugue sexe, drogue et musique, à travers des portraits de jeunes en quête d’identité dans un monde vide de sens. Il y voit l’influence de Bret Easton Ellis.

Il n’est pas très loin non plus du monde de William Burroughs. Son aîné ne tarissait d’ailleurs pas d’éloge à son égard, voyant en lui un auteur né: « Que Dieu l’aide. Il est né écrivain. »

Le cycle de George Miles est sans doute son oeuvre la plus magistrale. Elle tient son nom d’un de ses camarades de lycée, psychologiquement perturbé et que Cooper avait pris sous son aile, avec lequel il a eu, vers l’âge de trente ans, une aventure amoureuse.

Le style de Cooper est gore, souvent dans la provocation. Il parle de ses déviances, et de ses perversions. Mais si l’écrivain évoque la sexualité, et surtout la sienne librement et crûment dans ses écrits, l’homme est nettement plus pudique, quand il ne se cache pas dernière ses romans. Il préfère s’étendre sur ses projets artistiques actuels.

Comme Jerk, son spectacle de marionnettes, morbide, en tournée actuellement en Europe. Ou son dernier roman, Salope, qu’il vient de publier.

Retrouvez Fée, une pièce de l’auteur mise en scène par David Bobee, du 27 au 30 janvier à Nantes au Lieu Unique.

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