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Inondations : un mardi noir à Ouagadougou

Par Caroline Lumet | 11/09/2009 | 1 319 visites |  Imprimer  |  Envoyer à un ami  |  

Le mardi 1er septembre 2009, la capitale du Burkina Faso a été la proie de pluies diluviennes. Avec près de 300 mm de pluies en quelques heures, c’est le triste record qu’a enregistré le centre météo du pays.


 

4 heures du matin. La pluie s’abat sur Ouagadougou. Les toits en tôle résonnent douloureusement sous l’assaut des trombes d’eau.

7 heures. Les plus téméraires, du moins ceux pourvus de voitures, tentent de gagner leur bureau. Les routes inondées obligent à changer plusieurs fois d’itinéraires. Après plusieurs demi-tours, l’obstiné se retrouve sur l’autoroute où toutes les voitures avancent du même côté du terre-plein. Les conducteurs à contre-sens gardent les doigts crispés sur le volant, guettant le bus qui les enverra faire quelques tonneaux. Dans les rues du centre-ville, les voitures tournent au ralenti et les piétons ont de l’eau jusqu’aux genoux. Ceux qui osent s’éloigner des principaux axes de circulation doivent s’accrocher au premier poteau pour ne pas être emportés par l’eau.

La situation à l’hôpital Yaldago Ouédraogo – le plus grand de Ouagadougou – est encore pire. Les patients dans un état critique sont emmenés par les pompiers, les autres s’évacuent tout seuls. À béquilles ou à cloche-pied, ils quittent leurs chambres inondées. Les malades ont rassemblé leurs affaires dans les couloirs encore secs.

Les médecins ont pour leur part déserté les lieux, seul un infirmier reste envers et contre tout. Plus on s’enfonce vers l’arrière des bâtiments, plus l’eau monte. C’est que le mur d’enceinte a cédé. Aux chevilles il y a les rats, aux genoux les grenouilles, à la taille les serpents… Personne n’ose s’aventurer plus loin, par peur des caïmans.

Un ballet de sinistrés

Il pleut toujours sur la capitale burkinabée. Au mieux, les habitants ont les pieds dans l’eau. Au pire, ils ne savent pas nager. Des enfants grelottent, transis de froid, le regard rivé sur le ballet des sinistrés. Chacun sauve ce qu’il peut. L’eau atteint les ponts parfois les submerge, le courant est meurtrier. Des maisons sont noyées, d’autres s’effondrent. Un chausson d’enfant flotte.

Un homme confie avoir juste eu le temps de sortir de chez lui avant que sa maison se transforme en réplique de l’Atlantide. Il ajoute avoir entendu « des voisins appeler à l’aide, mais personne n’a réussi à les atteindre ».

Les pompiers, les policiers et l’armée se mobilisent. Ils s’approchent au plus près du barrage et ramènent les vieillards sur des radeaux de fortunes, un enfant sous chaque bras et des femmes en état de choc sur le dos.

14 heures. Il ne pleut plus.

15 heures. L’eau commence à se retirer.

Mardi 8 septembre. Ce n’était pas l’Apocalypse, il n’y a même pas eu de lamentation. Les maisons continuent de tomber pendant que certains reconstruisent déjà la leur. Bilan officiel de la « Grande pluie » : 9 morts, 150 000 sinistrés et 70 milliards de francs CFA de dégâts (105 millions d’euros). Le président Blaise Compaoré en appelle à la solidarité nationale et à l’aide internationale.

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