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Nord-Kivu : une guerre de pillage

Par Christelle Gerand | 1/02/2009 | 1 468 visites |  Imprimer  |  Envoyer à un ami  |  

Cinq millions de morts, exil de milliers d’habitants, violences sexuelles généralisées, pillages, la situation du Nord-Kivu est critique. Les causes du conflit sont multiples. Cette région possède de nombreuses richesses minières au centre des préoccupations de tous

Carte du Nord-Kivu (Le Presse-papier).On dénombre un civil pour un militaire au Nord-Kivu, région du Nord-Est de la République démocratique du Congo (RDC) où la guerre fait rage depuis plus de dix ans. Trois acteurs principaux s’y opposent : les rebelles Tutsis congolais du général Nkunda, l’armée régulière congolaise et les rebelles Hutus rwandais.

Le Rwanda est limitrophe de la RDC, et après le génocide rwandais, la majorité des Hutus génocidaires, mais aussi de nombreux Tutsis, se sont réfugiés en RDC.

Les rebelles du Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) menés par Nkunda estiment que la population tutsie est menacée par la présence de Hutus rwandais sur le territoire congolais.

Le CNDP réclame au gouvernement congolais la neutralisation des rebelles hutus et la protection des Tutsis. Mais si le gouvernement s’engage à accorder une protection spécifique aux Tutsis, des dizaines d’autres ethnies minoritaires risquent de le lui réclamer aussi par la suite. Le gouvernement se montre donc réticent, et attend que le CNDP rejoigne l’armée regulière avant de négocier.

À cela viennent s’ajouter les Hutus des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), qui réclament la possibilité de rentrer au Rwanda. Les FDLR souhaitent renverser indirectement le régime rwandais tutsi, d’où le soutien financier et militaire non officiel du Rwanda aux rebelles de Nkunda. Les FDLR seraient financées par le gouvernement congolais.

“Une guerre de prédation”

Mais le coeur du conflit est ailleurs. Le Kivu regorge de tout ce que convoitent les Occidentaux : pétrole, gaz, coltan, cassitérite, or, diamants. Selon l’ONG Global Witness, Nkunda se bat pour conserver sa mainmise sur la mine de coltan - minerai qui entre dans la fabrication des téléphones portables - située à Lueshe. Le Rwanda a exporté en 2008 pour une valeur de 250 millions de dollars de coltan, alors qu’il n’en est pas producteur. Chaque clan perdure grâce à ces commerces souterrains.

Les zones contrôlées par les FDLR comptent ainsi de nombreuses mines d’or et de cassitérite (minerai d’étain). L’armée régulière et même la force de l’ONU contribuent aussi au pillage. Les combats ont toujours lieu dans des villes minières. Ce commerce illicite est si lucratif qu’il explique la durée du conflit.

Le Rwanda s’inquiétant en 1996 de la création dans l’actuelle RDC des Forces démocratiques de libération du Rwanda, dont l’objectif est de “terminer le travail” au Rwanda, c’est-à-dire poursuivre le génocide, attaque son voisin. Mais il s’agit aussi d’”une guerre de prédation”, déclarée par un pays disposant de peu de ressources naturelles, rappelle Jean-François Hugo, en poste à Kinshasa pour l’Union Européenne.

La résolution du conflit passera par une réglementation de la vente des minerais. A l’image du bois et du diamant, il faudra disposer du régime de Kimberley en vue de connaître l’origine, le nom du pays producteur et exportateur de ces minerais.

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