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Une deuxième vie pour les vêtements en temps de crise

Par Laurent Firdion | 28/01/2009 | 1 659 visites |  Imprimer  |  Envoyer à un ami  |  

L’association Macaq organise tous les deux mois une friperie solidaire. Lieu de partage où le mot « charité » est banni

Une des friperie solidaire organisées par Macaq (Macaq).

Ce samedi 11 octobre, la friperie installée au rez-de-chaussé du numéro 123 de la rue de Tocqueville dans le 17ème arrondissement de Paris attire badauds et habitués.

« Ce sont aussi bien des familles nombreuses que des étudiants précaires, ou des amateurs de vintage » explique la pétillante Johanna, membre de Macaq (Mouvement d’animation culturelle et artistique de quartier).

Les thèmes du recyclage et de l’anti-surconsommation fonctionnent auprès de la population plutôt « bobo » du quartier. Les vêtements qui proviennent de dons sont vendus à des prix cassés : de 0,5 à 5 euros. L’argent récolté servira à financer un jardin d’enfants au Sénégal.

L’ambiance n’est pas à la charité. « C’est convivial, on rencontre des gens, on s’amuse beaucoup ! » témoigne Pierre, jeune graphiste.

Un concours est organisé, récompensant ceux et celles qui dénicheront les habits les plus « branchés » ou cocasses. Le vainqueur gagne une heure de massage dans un salon de beauté.

Un véritable studio de photographie a été installé dans un coin de la salle pour immortaliser les concurrents. Télescopage de couleurs claires et foncées, d’accessoires et de chapeaux invraisemblables.

Un jeune homme, pyjama une pièce orange, casquette noire démesurée, lunettes de soleil, fait sensation. Fou rire garanti.

« Deuxième vie »

Entre les portants offrant robes, vestes et manteaux, d’improbables rencontres se font. Michel, cadre dans une administration publique aux cheveux grisonnants, côtoie, au détour d’une pile de chaussures, Cécile, trentenaire en grande précarité. Cette femme aux traits tirés et aux cheveux noirs qui ont perdu de leur éclat vient régulièrement à la friperie.

« L’ambiance ça aide » dit-elle. C’est la magie de cet endroit. Pour un instant, les barrières sociales sont abolies.

Les conseils vestimentaires ne sont pas rares. Cécile a mis la main sur un pardessus kaki à poches sur le devant. Elle demande à la cantonade : « C’est plutôt une veste pour homme, non? ». Une femme maghrébine la rassure et ajoute qu’elle « la prendrait, même si c’était un habit masculin ».

« Il y a même des projets qui naissent de ces rencontres, assure Johanna. C’est le principe de la deuxième vie : deuxième vie du vêtement, deuxième vie des bénévoles, deuxième vie pour des gens qui sont dans une phase difficile et qu’on aide à se relever ».

La situation n’est pourtant pas idéale. La crise économique a fait augmenter la fréquentation. « On dépasse à chaque fois les 1000 personnes » s’exclame Alix, responsable de la friperie.

La mairie de Paris met à disposition gratuitement ce grand local, mais l’association ne reçoit aucune aide de la mairie du XVIIème arrondissement. Macaq s’estime « boycotté ».

« La mairie n’a pas trop apprécié qu’on squatte au début… » reconnaît Johanna.

Plus de squat mais toujours une joyeuse pagaille et une odeur de barbecue.

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Un commentaire »

  • Coraline Bertrand dit :

    je ne sais pas comment tu as entendu parler de cette friperie mais ton article est très bien!

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