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Uniformes parisiens et leçons de mode

Par Caroline Lumet | 19/04/2009 | 7 661 visites |  Imprimer  |  Envoyer à un ami  |  

Haute couture et uniforme… Le mariage de la carpe et du lapin ! L’un prône l’originalité, l’extravagance et l’élégance. L’autre évoque le commun, la monotonie voire la transparence. Pourtant « l’uniforme n’est pas l’uniformité », lance l’excentrique couturier Jean-Charles de Castelbajac.

La RATP mal fagotée

À la RATP, les métros ne sont pas les seuls à accuser un retard, les uniformes aussi ! Avec des tenues dessinées il y a plus d’un demi-siècle, la régie des transports parisienne fait figure de d’épouvantail ! Tous les ans, elle réceptionne son lot de tenues imaginées dans les années quarante.
Tous les ans, Laurent Mark, le directeur de La Calaisienne l’entreprise qui confectionne et livre les 7 000 articles aux contrôleurs, hôtesses d’accueil et autres conducteurs, pense tout bas que « les vestes et pantalons ont un style vieillot ».
Le tissu bleu coupé pour nos arrière-grands-parents ne devrait plus heurter longtemps la rétine des usagers du métro. Selon les rumeurs, la RATP envisagerait enfin sérieusement d’engager un styliste pour donner un coup de jeune à ses costumes trois pièces ! Une date a même été avancée par l’indiscret Laurent Mark : 2010 !

Capitale mondiale de la mode, Paris ne pouvait pas laisser ses uniformes sur le carreau. Policiers, vendeurs, hôtesses ou éboueurs : le look has-been est mis au placard. Fini le style as de pique, la fashion attitude rayonne. Loin des podiums, dans les rues, les uniformes griffés étiquetés « bio et équité » fleurissent.

Paris détourne donc le concept de l’uniforme et se détourne des tenues passe-partout. Une révolution initiée il y a longtemps par Air France. Derrière la célèbre et francilienne compagnie aérienne, ça se bouscule : au Louvre, au Château de Versailles, sur le tarmac et sur les trottoirs des bords de Seine, tous accro ! Les tendances phares du moment ? La mention développement durable, en version chic et colorée, séduit autant ceux qui portent la tenue que ceux qui la regardent. Et toujours la griffe du grand créateur !

Dans sa boutique traiteur, place de la Madeleine, Fauchon rhabille son personnel en rose et noir. Les hôtesses d’accueil endossent leur tenue parfaite de deux gros nœuds signés par la créatrice rock’n'roll des années 1980, Corinne Cobson. « Le tablier sert d’uniforme mais n’est pas trop rigide. Il exprime le côté parisien et chic de la marque, en toute décontraction », explique le gérant chez Fauchon.

Certains stylistes ne se satisfont pas d’un partenariat épisodique avec une entreprise et vont plus loin. Comme Jean-Charles de Castelbajac qui a créé JC de Castelbajac Uniform en collaboration avec Bragard, une filiale du numéro un mondial du vêtement professionnel. Ensemble, ils signent les tenues de salle du Publicisdrugstore sur les Champs-Elysées et celles du personnel des hôtels Sofitel.

Flairant la tendance, la municipalité veut rattraper le train en marche. La Ville de Paris inclut dans son cahier des charges les termes développement durable et esthétisme. La mairie pare ainsi ses « agents des filières techniques » en bioéthique ! Les tenues aux couleurs acidulées sont confectionnées à l’aide de coton issu de l’agriculture biologique.

Le textile est produit en Afrique de l’Ouest et du centre (Mali, Sénégal, Cameroun et Burkina Faso). « Cette démarche offre l’avantage de contribuer à des actions concrètes de solidarité, de gagner en visibilité sur les filières d’approvisionnement, tout en valorisant une démarche de développement durable », serine le service de presse. Idem pour les Aéroports de Paris qui dotent ses 1 500 techniciens d’une garde-robe complète certifiée Max Havelaar, connu pour son café équitable.

Ce souci du développement durable et de l’allure chic permet aux entreprises et municipalités de gagner en visibilité. Accès de conscience artistique ou simple coup de pub, Paris sert de vitrine.

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Un commentaire »

  • la rédaction dit :

    Le service de presse de la RATP a souhaité réagir à l’encadré “La RATP mal fagotée” :

    « Contrairement à ce qui était écrit, la tenue RATP a été mise en place en 1992. Dessinée par un grand couturier Guy Laroche, elle a abandonné ses couleurs d’origine bleu et gris pour une teinte vert bronze et un catalogue de modèles enrichi. »

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