Le Rhum marin, un bout d’île à Oberkampf
Au cœur d’un quartier animé, ce bar de caractère met le rhum à disposition de tous.
Du rhum, des fruits, des épices et de la patience : bienvenue chez Majid, le patron du Rhum marin. Ici, on ne se complique pas la vie, tout se passe dans les bocaux posés là, sur les étagères, comme à la maison.
Il y a de tout, rhum à la rhubarbe, au litchi, à la mangue, au melon, à la carotte, à la triplette spéculos-amandes-agrumes, au tamarin et fruits de la passion… Au total, plus de cinquante combinaisons, il faut vraiment faire le difficile pour louper le voyage en terre exotique.
Prenez Mark et Ingrid, deux touristes venus des Pays-Bas, en pleine dégustation de leur rhum-coco-miel. Ils sont calés dans un coin, autour d’une table basse en bois sombre, lumière tamisée et musique douce. « Le rhum est explosif. Les saveurs ressortent très fort. Et puis, c’est calme ici, ça nous change de ce quartier plutôt bruyant. »
Le bistrot niché au cœur du 11ème arrondissement de Paris, dans le quartier d’Oberkampf, a une longue histoire. Plus d’un demi-siècle marqué par des personnalités fortes, à l’image des quartiers populaires de l’Est parisien. Mais la donne a changé, c’en est fini du bastringue à l’ancienne et des petits artisans qui s’offraient un ballon de blanc pour un sou.
Depuis quelques années, le croisement des rues Saint-Maur et Oberkampf est devenu le carrefour de la vie nocturne de l’arrondissement. Tout est parti d’en face, au Charbon, puis l’effet de mode a vu les bistrots se remplir d’étudiants et de hipsters, au détriment de la clientèle d’habitués.
Le calme avant la tempête
Pour Majid, « le fait d’être installé dans une rue perpendiculaire à l’artère principale réduit le nombre de clients. Mais du coup, on évite les problèmes de mouvements de foule et le trop-plein d’alcool. » Pour les mêmes raisons, le Rhum marin s’abstient de faire de la promotion. Priorité au bouche-à-oreille, plus susceptible d’attirer des gens « posés ».
Les premières années n’ont pas toujours été faciles. Aujourd’hui, le gérant estime vivre « correctement, sans plus ». Après des études d’électronique, ce quadragénaire aux cheveux longs et à l’allure débonnaire a repris l’affaire en l’an 2000. Il a fallu mettre la machine en route, sans trop de moyens. Huit ans plus tard, le cafetier ne peut toujours pas se permettre d’embaucher et confesse l’envie de passer la main.
Pourtant, il n’a pas cessé de faire vivre son petit bout d’île. Concerts acoustiques, spectacles de clowns, brunchs, l’ambiance est familiale. Les gens viennent de tous les arrondissements de Paris, il y a des banlieusards aussi, des touristes. Souvent, le cadre calme du Rhum marin sert de point de départ à une soirée plus arrosée qui se terminera dans les clubs environnants.
Comme en sourit Justine, une étudiante en arts de Montreuil, en plein apéro avec des amis, « c’est le calme avant la tempête ! ». Allez, matelots, cette rhumerie urbaine est faite pour vous.
- Le Rhum marin, 92 rue Saint Maur, Paris 11ème.
Ajoutez votre commentaire !