Le tennis français et son plus grand paradoxe
L’Open d’Australie est terminé pour les joueurs français. Malgré deux tricolores en quarts de finale, le succès n’est pas encore au rendez-vous. Le tennis français a une particularité : ses joueurs brillent au plus haut niveau mondial sans qu’ils ne parviennent à remporter un titre majeur
25 ans après, et personne n’a encore réussi à lui succéder. Yannick Noah reste le dernier français vainqueur d’un tournoi du Grand Chelem. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir des prétendants. L’Open d’Australie 2009 l’a encore prouvé. Après la défaite en quart de finale de Jo-Wilfried Tsonga face à Verdasco, c’est au tour de Gilles Simon de tomber face à un incroyable Nadal, mettant ainsi fin aux rêves de succès des Français.
En 2008, le tennis hexagonal s’était pourtant découvert trois perles capables de titiller le top 3 du classement mondial. Tsonga, 23 ans, tout d’abord, avec sa finale à l’Open d’Australie en janvier et son succès à Bercy en novembre; Simon, le discret de 24 ans, auréolé d’une finale à Madrid et d’une demi-finale à la Master Cup de Shanghai en fin d’année, et enfin Gaël Monfils, 22 ans, le show-man qui a transporté le public en atteignant le dernier carré à Roland Garros. Une densité de jeunes champions exceptionnelle pour le pays à l’heure où l’Espagnol Rafaël Nadal et le Suisse Roger Federer ne semblent pas décidés à quitter les hauteurs du classement.
Finie donc l’époque où seulement quelques joueurs français faisaient parler d’eux le temps d’un tournoi ou d’un huitième de finale à Roland Garros. Aujourd’hui, fait incroyable, la France parvient à placer 14 joueurs dans les cent premiers mondiaux, devançant même l’Espagne pourtant récemment vainqueur de la Coupe Davis.
Un « presque rien » qui fait tout
La Coupe Davis, justement, la France ne l’a plus remportée depuis 2001. On pourrait croire la nouvelle génération en mesure de briller au cours de cette compétition mythique qui a tant réussi à Jean Borotra et René Lacoste par le passé.
Mais en 2008, leur défaite en quart de finale face aux Etats-Unis a prouvé le contraire. L’équipe tricolore semble en effet souffrir d’un déficit de leadership. Aucun chef de file ne parvient à mener l’escadron français comme avait pu le faire Amélie Mauresmo chez les femmes lorsqu’elle dominait encore le tennis mondial. Chez les garçons, il est bien difficile d’établir une hiérarchie nationale tant les coups d’éclats de chacun sont irréguliers.
Tsonga, bien que numéro 1 au classement français, a eu une saison des plus mouvementée. Handicapé par une fissure au ménisque qui l’a tenu éloigné des terrains durant de longs mois, il aurait pu frapper beaucoup plus fort l’année même de sa révélation. « La Monf’ » - surnom de Gaël Monfils - souffre lui, d’un dilettantisme cyclique qui le prive d’une régularité indispensable à ce niveau. Gilles Simon, s’affiche enfin comme le plus constant, et le seul capable de rester invaincu face au grand maître Federer. Cependant, la pression le rend absent des fins de tableau en Grand Chelem, ces tournois où l’on juge réellement de la trempe d’un champion.
La pression. C’est l’excuse habituelle. Trop de regards pointés, trop d’espoir, font trembler les bras de ces jeunes loups et notamment ceux de l’enfant surdoué Richard Gasquet, qui, sous les feux des projecteurs depuis l’âge de 9 ans, tarde à confirmer son potentiel. Tous ont l’air de souffrir d’un presque rien qui fait toute la différence par rapport aux exceptionnels champions qui dominent le circuit actuel.
La saison 2009 semble néanmoins pleine de promesses. Car à force de graviter autour du sommet, ils vont bien finir par l’atteindre.
une très bonne analyse de l’état actuel du tennis français…à quand une grande victoire fédératrice ?
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