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Une jeune arbitre dans un monde de requins

Par Charlotte Gabas | 7/03/2009 | 3 010 visites |  Imprimer  |  Envoyer à un ami  |  

A 20 ans à peine, Morgane Lara est arbitre internationale de tennis. Une vie insolite éloignée des amphithéâtres de la fac pour cette Bordelaise pleine d’ambition.

En plein mois de novembre déjà, son teint rougi par le soleil ne trompait pas. Morgane Lara, petite blonde aux allures d’étudiante, n’a plus l’habitude d’arpenter les bancs de l’université. Et pour cause, elle revenait de Doha au Qatar, où elle a passé dix jours au Masters Féminin de tennis, le rendez-vous incontournable des plus grandes joueuses mondiales. C’est à Paris que nous l’avons retrouvé lors de l’Open Gaz de France-Suez.

Son nom ne vous dit rien ? Normal, Morgane n’est pas une joueuse, mais juge. Depuis quelques mois, elle est arbitre internationale de tennis. Elle a obtenu le grade mondial de « badge blanc » en juillet dernier à Wetzlar en Allemagne. Depuis, son quotidien se résume à des vagabondages aux quatre coins du monde, et à d’interminables trajets en train: « J’adore pouvoir rencontrer de nouvelles personnes, voyager et vivre pleinement ma passion pour le tennis. »

Son affection pour la petite balle jaune a débuté à l’âge de cinq ans sous la houlette de son père plasticien et initiateur de tennis. Elle découvre l’arbitrage par hasard à 11 ans lors d’une journée organisée dans son club situé en banlieue de Bordeaux, sa ville d’origine.

Mais c’est une erreur informatique qui est à l’origine de ce destin inédit. « Lara » au lieu de « Larrouturou » et à l’âge de 15 ans, elle reçoit le dossier d’inscription pour participer à la phase nationale du trophée du jeune arbitre, le passage obligé pour pénétrer dans ce monde particulier.

A Paris, c’est la révélation : elle finit troisième française. Le processus est donc lancé. Elle va commencer à officier ponctuellement sur les plus grands tournois français comme juge de ligne. Marseille, Lyon, Monte-Carlo et surtout la finale dames de Roland Garros en 2004, compétition dont elle garde ses plus beaux souvenirs, notamment en juin dernier lors d’une finale hommes handisport : « L’ambiance était formidable, les joueurs très fair-play. J’ai eu beaucoup de fous rires pendant ce match. »

Beaucoup d’appelés et peu d’élus

Il n’est pas rare en effet de la voir s’esclaffer dès lors qu’elle travaille. Mais en 2008, elle a su garder suffisamment son sérieux pour que la Fédération française de tennis décide de l’envoyer à l’examen du « badge blanc ». L’enjeu était de taille : « Sans lui, c’était fini pour moi. Inconsciemment c’était mon objectif depuis des années. »

Car le monde de l’arbitrage est un univers de « requins ». Beaucoup de prétendants pour peu d’élus. Pas question donc de laisser passer son tour : « La compétition entre arbitres est vive mais je passe malgré tout d’excellents moments. »

Une ambiance sympathique, qu’elle compare volontiers à une colonie de vacances, où les liens se tissent rapidement. Mais une grande famille constituée surtout de garçons. Très peu de filles accèdent à son niveau. L’arbitrage, un monde de machos ? « Oui, mais tout se passe très bien » pour cette jolie jeune fille pourtant plus habituée à un univers féminin. De retour à la routine bordelaise lorsqu’elle n’arpente plus les courts, elle vit entourée de sa sœur, future dentiste et de sa maman, professeur d’espagnol, qui la soutiennent totalement.

Et qu’importe l’abandon de ses études de langues. Inscrite en licence à l’Université Bordeaux 3, cette admiratrice de Roger Federer bénéficie du statut convoité de sportive de haut niveau, qui lui permet de profiter pleinement de son activité d’arbitre. Pendant que ses copines révisent, Morgane gagne de l’argent tout en côtoyant chaque semaine les plus grands joueurs mondiaux. Ainsi, depuis le mois de septembre, elle enchaîne les destinations : Mulhouse, Limoges, Tours, Paris, Doha, puis Düsseldorf le mois dernier. Elle ne compte pas s’arrêter là. En 2009, Wimbledon et l’US Open sont au programme.

Consciente qu’elle peut gravir les échelons internationaux, Morgane préfère rester lucide sur son avenir : « Je veux au moins obtenir ma licence d’anglais-espagnol. Après, on verra bien. Mon but n’étant pas forcément de consacrer ma vie à l’arbitrage .»

Elle évoque tout de même à demi-mots et le regard brillant son rêve le plus fou : « me faire remarquer par la WTA (World Tennis Association) et obtenir un contrat de travail. »

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Un commentaire »

  • Alex H dit :

    Eh bien !!!
    Pour une fois qu’on parle un peu des arbitres ! Surtout d’une femme.
    La connaissant, je sais que c’est une très bonne arbitre et elle mérite vraiment sa qualification de “Badge Blanc”. J’espère qu’elle prendra beaucoup de plaisir dans cette passion qui anime quelques individus passionnés par leur sport, le tennis.
    La personne qui a publié l’article mérite de grands remerciements également pour cette ébauche bien construite. Peut-être que l’interviewer est animée, au moins en partie, par la même passion !!! (Je connais la réponse)
    BRAVO donc à ces deux femmes qui méritent que l’on parle d’elles, au moins dans un article !

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